Vers la défiscalisation des dons agricoles aux restos du cœur

La situation s’aggrave

Pour leur 29ème campagne hivernale, les Restos du cœur s’attendent à ce que le nombre de bénéficiaires dépasse la barre du million. En effet, à la même époque l’année dernière, 960 000 personnes ont bénéficié de l’aide de l’association qui a partagé plus de 130 millions de repas. Olivier Berthe, président des Restos du cœur, craint que la situation ne s’aggrave cette année et dans un futur proche avec la reprise qui ne pointe toujours pas le bout de son nez.

Le président de l’association de préciser que 57% des bénéficiaires de l’aide sont chômeurs. Généralement, ces personnes viennent quand les allocations chômage commencent à baisser,  c’est-à-dire environ un an et demi après avoir perdu leur emploi.
Olivier Berthe a profité de l’occasion pour attirer l’attention sur la suppression du programme européen d’aide alimentaire du budget 2014-2020 de l’UE, remplacé par le Fonds européen d’aide alimentaire. Résultat : la part d’aide destinée à la France va diminuer de 10%, une somme que devra se partager les banques alimentaires, les Secours populaires, la Croix-Rouge et bien sûr les Restos. A l’heure actuelle, 30% du budget de l’association provient des subventions publiques. Le reste provient de l’altruisme du public à travers les dons et l’achat des disques des Enfoirés.

Dons en nature

Devant le désarroi que rencontre les 66 000 bénévoles des Restos tous les jours, l’association est convaincue qu’il est primordial de trouver d’autres sources de financement. Certes les Français donnent de plus en plus mais Olivier Berthe prévient qu’il arrivera un jour où cela ne sera plus le cas. C’est pourquoi les Restos veulent promouvoir les dons en nature comme le confirme leur président qui prône la mise en place d’une incitation fiscale à la filière agricole.

En somme, il demande à ce que la loi Coluche soit étendue au secteur agricole. Pour rappel, cette loi votée en 1988 permet aux particuliers de bénéficier d’une réduction d’impôt de 75% sur les dons financiers aux associations. Le président des Restos explique qu’il est difficile pour un agriculteur de donner du blé ou du lait car ces produits doivent être transformés au préalable. Pour lui, il faut donc une mesure d’incitation fiscale sur toute la chaîne, de la production à la transformation.

Défiscalisation

Il semblerait que les appels des Restos et des autres associations ont trouvé écho auprès du Ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Participant à l’ouverture de la campagne hivernale dans un centre d’accueil de la Capitale, ce dernier a annoncé qu’une circulaire fiscale allant dans ce sens était en préparation et devrait bientôt être opérationnelle. Concrètement, pour inciter les agriculteurs à donner directement aux associations, les dons agricoles en denrées alimentaires seront défiscalisés a indiqué le Ministre. Pour lui, l’objectif est d’assurer l’approvisionnement de toutes les associations caritatives. Selon une source proche du dossier, la défiscalisation va toucher tous les niveaux de la chaîne de transformation.

Si cette annonce de Stéphane Le Foll devrait ravir les associations, Angélique Delahaye de la Solaal, la Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires, reste septique. Elle a rappelé que ce n’est pas la première fois que le gouvernement a promis une telle mesure. Au mois de septembre, le Premier ministre a fait la même déclaration mais rien n’a encore été fait jusqu’ici. A titre d’information, la Solaal met en relation les producteurs et les 12 associations caritatives habilitées à recevoir des dons en nature comme les Restos du Cœur, ou encore l’Armée du Salut.

Cette défiscalisation des dons agricoles, c’était le président de la solidarité Jean-Michel Lemétayer qui a été le premier à la demander de son vivant. Il souhaitait alors que les agriculteurs puissent répondre à l’appel des associations. Le Ministre de l’Agriculture l’a d’ailleurs rappelé en prenant la parole lors de l’évènement.

Non au gaspillage

Par ailleurs, Olivier Berthe entend une fois de plus lutter contre le gaspillage. Il a annoncé l’intensification de la récupération des marchandises presque périmés sur le marché qui constituent le quart des produits distribués tout en précisant que cela ne se fait jamais au détriment des règles de sécurité. Ce fut notamment le cas lors du scandale de la viande de cheval.

Il est à noter que les Restos du Cœur comptent 2 070 centres d’accueil qui seront opérationnels jusqu’en mars. Ils offriront des repas tous les jours ou au moins deux fois par semaines à tous ceux qui se sont inscrits.